Les réformes et soubresauts successifs des régimes de retraites ont un mérite : ils permettent aux actifs de prendre conscience de l’enjeu de bien préparer cette étape. Parmi eux, les entrepreneurs méritent une étude approfondie de leur situation pour estimer au plus juste les revenus qu’ils peuvent espérer de leurs cotisations et optimiser leur patrimoine.
« Les carrières diversifiées imposent aujourd’hui une analyse pointue de la situation de chacun »
Généralement soucieux de ne jamais remettre à plus tard ce qu’il peut faire dans l’instant, le chef d’entreprise fait pourtant souvent preuve de procrastination au moment de se pencher sur le dossier de sa retraite. Crainte de se projeter dans une vie moins active, refus de laisser son « bébé », son entreprise, sentiment qu’il reste du temps pour s’en préoccuper… Les excuses ne manquent pas. « Les réactions sont généralement très diverses : certains manifestent une réelle inquiétude sur ce sujet quand d’autres préfèrent au contraire totalement l’occulter », confirme Julie Klaeyle, chef de mission et référente protection sociale au sein du cabinet d’expertise comptable ICS, à Schiltigheim, « mais ce qui est sûr, c’est qu’au tournant des 45 ans, la question devient inévitable ».
Construire un ‘budget retraite’
Le parcours professionnel du chef d’entreprise, souvent atypique, rarement linéaire, impose pourtant une étude approfondie de sa situation, allant jusqu’à la sphère personnelle. De plus en plus, les entrepreneurs seront en retraite « polypensionnées », ce qui signifie qu’ils percevront une pension issue de divers régimes de retraite : ceux des salariés du régime général, ceux de la fonction publique, ceux de travailleurs non-salariés… « Ces carrières diversifiées imposent une analyse attentive des situations pour estimer les droits et prendre les bonnes décisions et orientations lors de la préparation de la retraite », précise Julie Klaeyle. Mais la première question à poser, poursuit-elle, est celle des objectifs de l’entrepreneur : « quelles sont ses attentes et besoins en matière de retraite, quel est son projet de vie ? » ICS a développé pour cela un questionnaire qui prend en compte aussi bien la dimension professionnelle que personnelle. Il constitue la base d’une étude approfondie qui vise aussi à rappeler au dirigeant les dépenses « nouvelles » qui vont apparaître une fois à la retraite et qui jusqu’à présent étaient supportées par l’entreprise : voiture, mutuelle… On aboutit ainsi à la définition d’un ‘budget retraite’, comme on fixerait un budget pour une entreprise. Celui-ci permettra de visualiser au mieux les dépenses prévisibles afin de fixer le niveau de revenus attendu.
Focus sur le patrimoine
Dans la préparation de la retraite, la question du patrimoine (professionnel et privé) est aussi importante, car il pourra servir d’appui surtout lorsque les pensions servies par les régimes seront insuffisantes. Dans cette optique, la vente de l’entreprise peut en constituer une part non négligeable. « Mais il faut avoir en tête que ce n’est pas toujours une évidence et que les subtilités ne manquent pas », avertit Julie Klaeyle.
De plus, ce type d’opérations nécessite une longue préparation, à la fois pour optimiser la fiscalité liée à l’éventuelle plus-value générée par cette cession mais également pour arrêter, entre le cédant et le repreneur, toutes les conditions de celles-ci.
Ne pas se précipiter
Chaque situation est singulière. Le meilleur remède consiste à anticiper : « La solution optimale pour tous n’existe pas », conclut Julie Klaeyle, « en revanche, il est possible de trouver une ou plusieurs solutions pour optimiser la situation en retraite de chacun ».